ISLANDE À VÉLO 2014 : LE GRAND DÉPART…

Dimanche 15 juin 2014

Je suis à la gare. Après plusieurs mois de préparation, de doutes, de difficultés pour préparer et financer ce tour d’Islande à vélo, j’ai du mal à réaliser que je suis à la gare. C’est vrai que les difficultés se sont enchevêtrées durant les dernières semaines, semant dans mon esprit le doute, jusqu’au dernier moment. C’est donc avec un peu d’angoisse que j’attends le TGV de 11h23, qui doit m’emmener à l’aéroport Roissy Charles de gaulle, d’où je dois décoller à 22h10 pour Keflavik.

Depuis quelques jours, un mouvement social à la SNCF paralyse un TGV sur 2, et lorsque j’arrive à la gare, vers 09h du matin, avec mon énorme colis et mon immense sac à dos, j’ignore totalement si mon train partira bien. Je me précipite donc vers un contrôleur qui me confirme que mon train n’est pas déprogrammé. Un grand soulagement.

La veille de mon départ, il m’aura fallu plus de 3 heures pour démonter le vélo et le mettre dans un carton à vélo recoupé à la dimension SNCF (120 x 90 cm). Pour qu’il rentre, j’ai démonté les roues, garde boues, portes bagages avant et arrière, tourné le guidon, démonté les pédales pour les fixer au cadre, puis j’ai emballé méticuleusement les freins, les manettes, les dérailleurs, les roues J’ai ensuite fixé ce colis d’environ 22 kg à un chariot de déménagement à l’aide de deux sangles, me permettant ainsi de le transporter facilement. Le sac à dos pesant lui environ 30 kg.

C’est donc dans un train plein à craquer, que j’embarque avec mes encombrants bagages, un colis de 120 x 90 cm, contenant mon précieux fahrrad TX 400, totalement démonté, et le sac à dos militaire, prêté par un collègue (merci à toi Wahid….) avec l’équipement, les vêtements et les sacoches vélos.

J’arrive à Roissy – Charles de Gaulle avec plus d’une heure de retard. Le train étant en surcharge, avec de nombreux passagers debout dans les couloirs, il a roulé au ralenti ! Mais l’important est que je sois arrivé…mon avion ne décolle que vers 22h et il n’est que 16h. L’attente commence…

J’embarque dans l’avion au moment même ou l’équipe de France de Football marque son premier but. C’est le début de la coupe de monde de football depuis 2 jours. J’entends crier et applaudir les Français qui regardent le match, diffusé sur une télé de la salle d’embarquement. Dans quelques minutes, je serai dans l’avion et je réalise alors que je n’ai jamais raté une coupe du monde de football… ce sera la première fois.

C’est à 0h15 que l’avion se pose à Keflavik (02h15 en France). Parti à la tombé de la nuit, j’ai vu le soleil se lever au fur et à mesure de notre vol. Je me demande si je vais m’acclimater. Durant cette période, pas de nuit en Islande. Nous volons bien au dessus des nuages et le soleil est flamboyant. J’ignore alors que durant ce voyage, je ne le verrai que quelques heures…par ci…par là!.

 

 

 

L’avion s’est posé sous une pluie cinglante et froide, la température est de 7 degrés. Pas de doute, je suis bien en Islande. Avec avoir récupéré mon carton à vélo et mon sac à dos, je prends la décision de le remonter immédiatement et de partir aussitôt, il est 00h45 mais nous sommes en plein jour et je me sens en forme. Je m’installe dans un petit coin de l’aéroport et j’ouvre le carton. Il semble que tout soit intact, je commence donc la phase mécanique. Au bout d’une demi-heure environ, deux agents de sécurité commencent à passer et repasser, m’observer de loin et discuter en me regardant. Je prends l’initiative d’aller les voir pour leur expliquer, dans un anglais très moyen (je n’ai pas pratiqué depuis des années !) que je fais un grand voyage en vélo, mais surtout que je laisserai le lieu propre avant de partir. Ils s’absentent quelques minutes puis reviennent vers moi pour m’indiquer que j’ai 5 mn pour quitter le lieu, pour raisons de sécurité. Je tente de leur expliquer que je vais devoir terminer sous la pluie mais rien n’y fait, je dois quitter les lieux alors que le vélo est totalement démonté.

On m’avait vanté l’hospitalité islandaise, d’autres cyclo-voyageurs m’avaient dit qu’ils avaient pu remonter leurs vélos dans l’aéroport, sans aucun problèmes. Pour ma part, cela sera dehors, sous la pluie par 8°c…Il est 03h30 du matin quand je finis le montage, au passage, l’un des boulons fixant le garde boue arrière est perdu, je le fixe avec du fil de fer très fin. Je n’arrive pas non plus à rebrancher la lumière, ici il fait jour mais il peut y avoir du brouillard, et dans certains cols, je sais que je progresserai dans les nuages, souvent très bas. Mais cela suffira pour aujourd’hui, nous verrons cela au premier bivouac.

Je prends la décision de partir tout de suite vers Grindavik, au sud, à 40 km environ, en passant par le Blue Lagoon. Je charge les quatre sacoches. A l’avant gauche ce sera le matériel pour le vélo et d’éventuelles petites réparations, à l’avant droit, l’équipement pour « la tambouille » et de l’espace pour la nourriture que j’achèterai. Les sacoches arrières contiendront les vêtements, la toile de tente, les bidons de réserve, la trousse de secours. Je fixe à l’aide de tendeurs un sac étanche « polochon » qui contient le matelas auto gonflant, mon duvet, ainsi que le pied d’appareil photo, et dans le fond de ce sac, le sac à dos que j’ai entièrement vidé.

Je m’équipe avec la tenue de pluie, monte sur le vélo et m’élance vers le sud. Il est à 4h du matin.  Je n’avais jamais roulé avec autant de charge, je constate tout de suite qu’il me faudra un peu de temps pour m’habituer. Cela « guidonne » un peu et mon beau vélo pèse maintenant environ 45kg. Il ne faudra pas lâcher le guidon, sinon ce sera la chute assurée…

 

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