Samedi 12 juillet 2014
Ce matin, après avoir fait un bilan de mon parcours, à 5 jours de la fin de mon tour d’Islande à vélo, je dois faire un choix, aller directement sur Reykjavik, à une cinquante de kilomètres, ou bien effectuer une dernière boucle en remontant la piste 550, La Kaldidalur qui signifie la « vallée froide » pour rejoindre Húsafell, en passant entre le volcan Ok et les glaciers Þórisjökull et Langjökull.
La décision est en réalité vite prise, car je n’ai pas envie d’aller directement à Reykjavik, où je pourrais arriver dès ce soir, alors que je ne décolle que dans 5 jours… et la 550 me tente beaucoup ! C’est donc vers 10h00 du matin que je plie mon campement pour reprendre la route pour une petite remontée vers le nord.
En chemin, je m’arrête bien évidemment sur le site de la faille d’Almannagjá et du Lögberg, le « Rocher de la loi », principal lieu historique en Islande puisqu’il constitue le lieu de rassemblement originel d’un des plus vieux parlements du monde, l’Alþing, qui y fut fondé en 930.
Le plus spectaculaire est évidemment la faille d’Almannagjá, qui sépare les plaques tectoniques européennes et américaines et s’écarte d’un cm par an, dans le seul endroit au monde où l’on peut la voir sur terre, puisqu’elle est immergée tout du long ! C’est une sensation étrange, partagée, il faut être honnête, par beaucoup de touristes puisque c’est l’un des sites les plus visités en Islande, de marcher au milieu de cette faille qui est de plus, le lieu de l’un des premiers parlements créés dans le monde !
Vers 11h30, je reprends la route, et rapidement, je quitte le bitume pour entrer sur la 550, face au vent assez violent, mais content de retrouver un peu de solitude…je crains d’y avoir pris goût !
Aussitôt passée une petite montée de quelques centaines de mètres (mais tout de même à 14% !) je me retrouve donc dans un autre univers. Ici, plus ou presque plus de végétation mais seulement le désert, avec en fond les glaciers et c’est bien évidemment magnifique ! Le vent qui souffle fort m’empêche de progresser au-delà de 6 à 7 km/h sur une piste « caillouteuse » qui ne ménage ni mes fesses, ni mes bras !
Vers 15h30, je vois un panneau indiquant un refuge de secours à 1 km. Après m’y être arrêté pour faire, au départ, une simple pause, avec au passage, la lecture du carnet de bord présent à l’intérieur, rempli au gré des passages des randonneurs, je choisis finalement de m’y arrêter totalement et de n’en repartir que demain matin. Je profite donc tranquillement de cet après-midi pour faire un peu de mécanique, un petit nettoyage du vélo s’impose à ce stade, mais surtout pour me reposer, écrire et méditer un peu.
Durant tout mon séjour, ce sera la seul et unique nuit durant laquelle je n’ai pas dormi sous la tente… Aujourd’hui, j’ai donc été un peu faignant, et je n’ai parcouru que 30 km en 3h30 de vélo environ.
Dimanche 13 juillet 2014
Alors que j’étais à l’abri, je n’ai pas très bien dormi. Le vent a soufflé très fort durant la nuit et m’a réveillé à de nombreuses reprises. Et puis, étrangement, je me sentais moins en sécurité que sous la tente.
Vers 10h00 je me remets donc en selle, après avoir laissé un mot sur le cahier de bord présent à l’intérieur du refuge, pour continuer vers le Nord, toujours sur la piste 550.
Tracée entre volcans et glaciers entre les glaciers Þórisjökull et Langjökull d’une part et le volcan Ok d’autre part, la piste est battue par le vent, pleines de trous, de petites montées … épuisant physiquement ! Mais qu’est-ce que c’est beau ! Progressivement, petit à petit, cela monte tout doucement, à un très faible pourcentage sur plus de dix kilomètres.
A 14h00, je suis a environ 750 m d’altitude lorsque la piste se met à descendre tout doucement, mais irrémédiablement pour à 14h30, dans un tracé de quelques lacets me sortir du désert en quelques minutes. C’est debout sur les pédales, les mains sur les freins que j’effectue cette courte descente, à très faible allure car elle est abrupte, pleine de trous, et surtout glissante. En effet, depuis une heure environ, une petite pluie fine rend la piste très humide et par endroit boueuse, rendant difficile certains passages.
En bas, c’est un autre monde, le paysage est à nouveau verdoyant, la végétation est faite de taillis, une sorte de garrigue. C’est simple, quelques cigales et un peu de soleil et on pourrait se croire en méditerranée ! Très perturbant, il y a moins d’une demi-heure, j’étais ne plein désert minéral !
Je fais encore environ deux kilomètres de piste avant de rejoindre à nouveau le goudron, pour reprendre la route d’Husafell, puis prendre la direction de Borgarnes, où je rejoindrais alors la route circulaire n°1, que j’ai quitté il y a maintenant une semaine.
Vers 15h30, j’arrive sur le site de Barnafoss « la chute des enfants » ou je m’arrête plus d’une heure, me repose, grignote quelques gâteaux et fruits secs, prend quelques photos, avant de reprendre la route.
Il est environ 19h00 lorsque je repère, à la sortie d’un pont, un chemin descendant vers la rivière me permettant de rejoindre un petit coin de paradis, à quelques centaine de mètres de la route, en bordure d’eau, idéal pour l’une de mes dernières nuits en Islande…
Dans la soirée, je suis informée par mon fils de la victoire de l’Allemagne qui a battu l’Argentine lors de la finale de la coupe du monde de football. Après avoir également détruit le rêve brésilien de victoire, en les massacrant 7 buts à 1, ils sont désormais champion du monde, pour la quatrième fois. au passage, j’ai gagné le pari que j’avais fait avec le fiston au début de la coupe du monde!
Pour ceux qui ne le saurait pas encore, le football est un sport qui se joue à onze contre onze, et à la fin, c’est toujours l’Allemagne qui gagne…
Lundi 14 juillet 2014
Ce matin, il fait beau, il n’y a pas de vent, il fait 12°C et c’est l’un des rares jours ou la température dépasse 10°C depuis mon départ ! En fin de matinée, c’est donc avec entrain que je quitte mon petit coin de paradis en bord de rivière.
Au loin j’aperçois tout d’abord le pont qui traverse Le fjord Borgarfjörður vers la ville de Borgarnes avant d’arriver, vers 13h00 à l’intersection de la route 50 et de la route circulaire n°1, à gauche Reykjavik, à droite la route par vers le Nord en traversant le pont.
Pour ma part, je me dirige vers Reykjavik mais je décide tout de même de traverser le pont pour faire un petit tour à Borgarnes et m’offrir un bon repas chaud, et au passage, faire quelques courses.
C’est dans une grande station-service N1, que je m’arrête pour déjeuner. En Islande, les stations N1, fortement représentées, offrent toujours la possibilité de manger et de faire des courses.
A Borgarnes, c’est une énorme cafétéria proposant toutes sortes de mets qui s’ouvre à moi. Je m’offre donc une succulente Kjotsupa, soupe islandaise à base de viande d’agneau et garnie de choux, pomme de terre, carotte et poireau…c’est un vrai délice !
Après cette soupe revigorante et pleine de saveurs, je retraverse le pont, en direction de Reykjavik, où je pense arriver demain, dans la journée. Il fait beau et j’avance à une allure soutenue sur la route circulaire n°1, même si il y a malheureusement pour moi, beaucoup de véhicules à cette période de l’année.
Je longe ainsi la montagne Hafnarfjall durant quelques kilomètres, le massif est impressionnant même si son altitude ne s’élève qu’à 844m, ce qui, comme souvent ici ne l’empêche pas d’avoir son sommet dans les nuages…
24 km après mon départ de Borgarnes, vers 16h30, j’arrive à nouveau à une intersection, à droite, Akranes, au bout d’une petite péninsule, tout droit Reykjavik est à 45 km par un tunnel qui passe sous le Fjord Hvalfjörður, à gauche il faut contourner totalement le Fjord pour rejoindre Reykjavik à 95 km. Je n’ai malheureusement pas le choix car le tunnel, d’environ 6 km, est un tunnel interdit aux vélos…Je vais devoir contourner le Fjord, et je ne vais pas le regretter !
Durant quelques kilomètres après être sorti de la route n°1 en direction du fjord, les paysages sont verdoyants, faits de prairies et de petites rivières, avec de nombreux chevaux et moutons, et toujours en fond, sur ma gauche, les massifs montagneux de faible altitude.
Malheureusement pour moi, la météo a bien changé et désormais, c’est bien sous la pluie, pour l’instant par intermittence, que je pédale. Tout autour de moi, le ciel est soudainement particulièrement chargé et sombre. Par anticipation, je décide de m’équiper de la tenue de pluie car je sais maintenant qu’en Islande, en quelques minutes, il peut y avoir un déluge!
Pas manqué, je me prends deux passages d’averse violentes l’une après l’autre, sans aucun abri possible…Vers 17h30, je repère un petit temple en bord de Fjord ou je fais une longue pause car le site est superbe, avec son petit cimetière en bordure d’eau.
Depuis mon départ de ce superbe site, il pleut constamment et le ciel est très sombre. Il est environ 19h30 lorsque je décide de m’arrêter pour bivouaquer, après avoir pédalé plus de 5h sur 69 km.
J’ai repéré un petit sentier descendant directement au pied du fjord, l’endroit me semble juste parfait pour l’une de mes dernières nuits en Islande…
Mardi 15 juillet 2014
Je plie le camp vers 10h00 du matin, pour reprendre la route qui longe le fjord, et c’est bien péniblement et lentement que je progresse, face au vent et aux averses régulières de pluie.
En fin de matinée, j’arrive au fond du fjord, et c’est lors d’une pause déjeuner bien mérité, attablé à une table de pique sur une aire de repos que je vois arriver, en sens inverse, un couple de cyclotouristes. Bien évidemment, ils s’arrêtent pour faire également une pause et discuter avec moi. Nous échangeons une bonne demi-heure, heureusement, ils parlent un peu français et avec mon anglais très scolaire, nous arrivons tout de même à nous comprendre.
Ils m’expliquent qu’ils sont arrivées il y a deux jours et viennent de partir, tôt ce matin, de Reykjavik pour un voyage à vélo de 3 semaines, avec au menu, la Snæfellsnes et la péninsule du nord-ouest. Ils sont en quête de renseignements qu’hélas, je ne peux leur donner puisque je n’y suis pas passé, et lorsque je leur montre mon parcours, débuté il y a près de 5 semaines maintenant, c’est bien chaleureusement qu’ils me félicitent. Pas de fausse modestie, je suis assez fier de moi, je suis bien obligé de le reconnaitre !
C’est en nous saluant bien amicalement que nous nous quittons, pour partir, chacun de notre côté, dans des directions différentes. Il est environ 16h15 lorsque je rejoins la route n°1 d’où j’aperçois distinctement Reykjavik, à plus de 20 km pourtant.
C’est désormais face au vent, a seulement 8 km/h, que je parcoure l’essentiel de la distance qui m’en sépare, en roulant en bordure de route n°1, très circulante ici et qui se transforme en 4 voies rapides après environ 10 km. Le bruit des véhicules qui me doublent ou me croisent est très pénible, d’autant plus que le trafic s’intensifie au fur et à mesure de mon approche de la capitale Islandaise. Je me rends bien compte que j’ai totalement perdu l’habitude de rouler dans un tel trafic, car plus habitué désormais à la solitude…
J’entre en ville aux alentours de 18h30, pour me mettre immédiatement en quête du camping, ou j’arrive aux alentours de 19h30.
Cette fois, c’est bien fini… mon avion décolle après-demain…